Sec, je suis sec, sans envies ni besoins, sans repères ni chagrins
L’émotion ne m'envahis plus, le désir ne m'effleure plus
Je suis indifférent à tout, à toi a nous a moi à vous
Les sentiments m'ont abandonnées même la douleur physique ne veut plus de
moi seul le chagrin et le repli sur moi-même m'offre encore des sursauts de moi
Pourtant je n'ai rien vécu pour en arriver là, pas de grande maladie pas de
drame familial pas de grand amour déçu en réalité ma vie n’a pas de relief.
Je ne dérange pas je ne fais pas de vague je suis terne je n'ose pas je ne
pense même pas à essayer de me sortir de ce bourbier, et pourtant j'en avais
des rêves !
Je me voyais génie connu et aimé de tous, j'aurais été un grand artiste
dans mes premières bonnes années adulées de tous j'aurais sombré dans le stupre
et la fornication aveuglé par la gloire et le besoin de combler le manque, mais
juste avant de sombrer définitivement, un amour inespéré serait venu me sortir
de mon cloaque je me serais remis sur pied et grâce à elle j'aurais trouvés un
nouvel élan dans mon art.
Bien entendu cet amour ne pouvait être qu'éphémère elle serait morte après
quelques années, en couche… et j'aurais définitivement perdu un bonheur à peine
entrevus au moment où je comprenais que le paradis c’est l’autre, que faire l’amour
c’est autre chose qu’un speedball j'aurais terminé la pièce maitresse de mon œuvre
pleine d’émotions et de résurections.
je me serais retiré seul jusqu' au couchant de ma vie renonçant a tous mes
principes fraichement appris, puis juste avant d’en finir j’aurais pris le
temps de transmettre tout ce que je sais et d’obliger tout le monde a me baiser
les pieds une dernière fois, juste pour les faires chier et tenter de gagner ma
part d'éternité.
Au lieu de ça, j'entrevois aujourd'hui le désastre
imminent de ma non-existence, il ne me reste plus qu'à aller au bout de la
ligne droite; seul et plein de vide.